MILISUTHANDO – Critique par Gbenato Carolle TONOUKOUEN

L’histoire d’une vie pour raconter celle de tout un peuple

« Milisuthando », un film de Bongela Milisuthando qui utilise les souvenirs et la vie de la cinéaste sud-africaine pour aborder les problèmes de l’Afrique du Sud après l’Apartheid. Elle y évoque son enfance au Transkei, sa vie à partir de 1994 et les problèmes de la ségrégation raciale dans son pays. Ce long-métrage de plus de deux heures de temps passe la société sud-africaine au crible. 

Dès les premières minutes du long-métrage de Bongela Milisuthando dans lequel elle se raconte en même temps qu’elle évoque des faits historiques majeurs de l’Afrique du Sud, elle parle de l’Etat du Transkei où elle a vu le jour et passé une partie de son enfance. Cet Etat qui n’existe plus depuis la fin de l’Apartheid. Bongela est née en 1985 dans une communauté noire. Le racisme lui était inconnu jusqu’à la réunification de l’Afrique du Sud à la fin de l’Apartheid. Le long-métrage offre une vue sur la vie familiale de la réalisatrice avec des séquences avec sa grand-mère qui évoque la nostalgie de l’époque où le Transkei existait. Cette partie questionne sur la justesse et l’utilité du combat mené par les leaders anti-Apartheid dont Nelson Mandela est une figure phare et le premier leader de l’ANC (African National Congress) à devenir Président de l’Afrique du Sud. C’est ce questionnement qui pourrait expliquer la présence au début de ce long-métrage d’une vidéo amateur montrant une jeune dame inconnue se tenant nue aux pieds de la statue de Nelson Mandela. Debout et toute nue, elle tient un pied de la statue, le regard orienté vers le visage du héros national comme pour le questionner et revendiquer sa liberté dans une société où elle se sent opprimée. Le film évoque plusieurs problèmes dont le racisme est le cœur. Mais si la réalisatrice n’a connu la discrimination raciale qu’à la fin de l’Apartheid, cela ne signifie pas qu’il n’existait pas auparavant. C’est l’existence de la ségrégation raciale qui justifie celle de l’Etat du Transkei où la vie était apparemment plus paisible. Cet Etat où les noirs d’Afrique du Sud vivaient entre eux n’était pas un territoire tout à fait autonome. Les citoyens du Transkei ne pouvaient pas être considérés comme des citoyens sud-africains. Ils pouvaient faire des études pour devenir fonctionnaires, mais ne pouvaient pas prétendre à des postes politiques, et décider des grandes orientations qui engagent la vie de la communauté. Cette liberté n’était qu’une illusion. C’est après l’Apartheid que des écoles réservées aux blancs ont dû s’ouvrir aux noirs dont la Bongela fait partie. La cohabitation entre noirs et blancs révélé le visage du problème. Les noirs qui vivaient jusque-là entre eux, ont commencé à côtoyer des blancs, dont certains ont le même comportement que les « white suprématistes » dans les Etats ségrégationnistes du sud des Etats Unis d’Amérique. Le film est un mélange harmonieux de plusieurs arts comme la musique, la photographie et de littérature qui subliment le cinéma. C’est ce que l’on obtient à l’écran quand la réalisatrice dispose de plusieurs cordes à son arc, avec une carrière dans la littérature, la mode et la musique.

Durban International Film Festival

Attrapez la 44e édition du Durban International Film Festival (DIFF), présentée par le Centre for Creative Arts à University of Kwazulu-Natal du 20 Juillet 2023 – Dim 30 Juillet 2023

Pour plus d’informations, visitez: https://ccadiff.ukzn.ac.za

Auteur

Cette critique a été produite dans le cadre du programme Talent Press, une initiative de Talents Durban en collaboration avec le Durban FilmMart (DFM). Les avis exprimés dans cet article n’engagent que l’auteure (Gbenato Carolle TONOUKOUEN) et ne sauraient être considérés comme constituant une prise de position officielle des organisateurs.  

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